Des racines chrétiennes

21 Décembre 2007

 

Agnostiques, athées, chrétiens ou non chrétiennes se trouvent en quelque sorte blessés par l’affirmation du Président de la République considérant :

« Que s’il existe une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée des convictions religieuses.

D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas associée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini… »

Chacun dans la République laïque, justement, est libre d’espérer, de désespérer, ou de ne rien attendre …

Qui peut juger la justesse de la recherche de chacun d’entre nous et de ses positionnements à l’égard des origines, des mystères de la vie et de la mort ? Pas le Président de la République, certainement pas la République, pas un quelconque Etat.

Il y là une tentative d’imposer, en quelque sorte, à chaque citoyen la nécessité d’une dimension spirituelle qui ne peut que provoquer la colère de ceux qui partagent ce projet d’un pacte républicain et laïque.

La morale laïque, la pensée philosophique athée, la pensée agnostique ne sont-elles pas, elles aussi, constitutives de notre nation ? Quelle est cette idée saugrenue de considérer que le christianisme a façonné la nation française ?

Certes, il faut citer Péguy, Claudel ou Bernanos. Et également André Gide, Sartre, Camus…

Mais Le christianisme tout au long des siècles, en tout cas du Moyen-âge à la Révolution Française s’est aussi traduit par un catholicisme d’Etat qui n’était pas particulièrement épris des libertés individuelles et qui participait institutionnellement à l’absolutisme politique.

Comment ne pas oublier le Chevalier de la Barre qui fut roué parce qu’il n’avait pas enlevé son chapeau devant une procession religieuse ?

Voltaire le défendit.
Faudra t-il trouver de nouveaux Voltaire ?

La France a de multiples histoires : la Grèce, Platon, Socrate, Aristote et Rome, naturellement…L’Eglise Catholique, sans doute, mais surtout l’humanisme de la Renaissance du XVIème siècle et la pensée des Lumières qui prône la liberté absolue de conscience sont tout aussi porteurs de l’identité nationale.

Mais il y a bien eu une rupture en 1789 entre deux formes de société proposée. Celle qui prône le religieux, l’inné et l’autorité et celle qui, au contraire, met en avant le libre examen, l’acquis et la liberté.

La laïcité n’est pas épuisée et elle ne mène pas au fanatisme. Elle est le moteur pour empêcher les savoirs imposés, les dogmes et les cléricalismes de quelque sorte qu’ils soient.

La laïcité n’est ni négative, ni positive. Elle est la laïcité.

Peu importe nos fois, nos recherches et quêtes personnelles, les seules racines qui sont aujourd’hui celles de la France sont celles de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, c’est à dire de la République fondatrice du projet citoyen et national.

Jean – Michel QUILLARDET
Grand Maître du Grand Orient de France