Une année est morte, la nouvelle année s'est éveillée dans la joie, la musique, les cadeaux et malgré ce tintamarre factice, les souvenirs vacillent dans les mémoires. Les choses prennent souvent de l'importance lorsqu'elles ne sont plus. La vieillesse n'est plus la vie et, dans notre monde moderne, l'homme n'atteint jamais l'existence pleine et définitive à laquelle il avait souvent rêvé. Il parcourt sa route de plus en plus vite, sans que jamais s'installe le temps de la jouissance, de la détente, de la méditation, du rêve.
L'humanité a été conduite jusqu'à notre ère atomique par la force aveugle de l'histoire. Les hommes se sont battus, déchirés, entre-tués mais c'était la nécessité de vivre l'évolution économique qui les menait. Ils ont cru produire les événements, les conduire, mais de grandes transformations économiques se sont opérées à leur insu et, à leur insu, elles ont agi sur eux. C'est ainsi que l'humanité est entrée dans un monde nouveau.
En présence d'institutions politiques dont le caractère essentiel est le conservatisme, la Franc-Maçonnerie doit s'interroger plus que jamais sur les chances qu'elle a de jouer un rôle efficace dans le respect des principes qui sont sa raison d'être.
Les fusions, les concentrations d'entreprises et la mondialisation se traduisent presque toujours par des conséquences fâcheuses pour les salariés qu'ils soient ouvriers, ingénieurs ou cadres et ce, tant sur le plan humain que psychologique.
J'ai dit -- mondialisation --. À qui profite-t-elle ? Aux plus riches... Au détriment des plus pauvres qui sont de plus en plus nombreux y compris, et c'est récent, dans les pays riches. Sur une planète, qualifiée de « Village Global » par les chefs économiques du dit village, les écarts de niveau de vie se creusent jusqu'à la pire obscénité, mais sans la moindre honte pour ceux, pays où individus, qui concentrent toujours davantage de richesses à leur profit.
À l'aube du XXIe siècle, la défense de l'homme ne s'est jamais autant imposée. L'accélération des techniques et l'efficacité des groupes de pression précipitent le processus de déséquilibre vidant de leur contenu les notions de LIBERTE, de JUSTICE, de TOLERANCE et de FRATERNITE qui sont le fondement d'une véritable société humaniste.
Que l'on se place sur le plan écologique, économique, politique ou éthique, tout se passe comme si les découvertes techno-scientifiques étaient exploitées non pour assurer sa libération mais son asservissement.
Les Francs-Maçons, solidaires de l'homme face à cette gigantesque aliénation doivent mener une bataille de précurseurs et non un combat d'arrière-garde.
Ne l'oublions pas, notre devise est celle de la république. Elle suppose que toutes les contraintes indispensables à la vie en société soient réduites au minimum. Contraintes aggravées par l'organisation technocratique de la société, par les barrières économiques génératrices d'inégalités flagrantes, contraintes qui substituent pour l'homme les principes de réalité et de rentabilité aux principes de liberté et de créativité.
Elle suppose aussi que chaque franc-maçon :
- développe sa formation personnelle
- prenne conscience de ses responsabilités civiques
- soit sensibilisé à la nécessité d'un engagement sur tous les plans de la cité, afin de participer plus efficacement à la formation des individus, condition première de leur liberté, et à la défense des libertés individuelles élargie à tous les aspects de l'aliénation sociale.
Elle suppose encore que les obédiences :
- favorisent l'information du franc-maçon condition indispensable de sa formation civique
- s'engage sur les grands problèmes qui conditionnent l'avenir de l'homme et de la société
- diffuse au monde profane leur refus d'une orientation motivée par des lois de profit ou de puissance au détriment du bien-être du peuple ainsi que leurs réflexions et recherches pour la réalisation d'une société plus juste et plus fraternelle
Si, en tant que grand organisme collectif, nous ne réussissions pas à assimiler ce grave problème du devenir de l'humanité, à y apporter des solutions concrètes, alors nous en serions réduits à demeurer les derniers témoins impuissants d'une civilisation où l'homme n'aurait pas réussi à dominer assez tôt les forces immenses qu’il mises en mouvement au cours des millénaires.
Souhaitons que tous les maçons s'unissent sans distinction de race, de couleur, de pays, de tendance pour obtenir sur cette terre impitoyable un peu plus de bien-être, de justice et de liberté.
TULLE, le 26 Janvier 2007