Etat des lieux

1 LA MONDIALISATION  -  ETAT DES LIEUX

Introduction

Mondialisation et politique

Le libéralisme

Les fractures mondiales

Exclusion

2  L’ETAT ET LA MONDIALISATION

Le pouvoir de l’Etat

L’avenir de l’Etat Nation

3 MONDIALISATION ET DEMOCRATIE

Le poids des multinationales

Le point de vue d’un spécialiste

…Et la dignité de l’homme ?

4     MONDIALISATION – CULTURE ET INFORMATION
5    QUELQUES PISTES DE REFLEXION POUR L’AVENIR
 

1          ETAT DES LIEUX

Quand en août 1973 Richard Nixon déclare le libre cours du dollar sur tout le continent américain, le grand tournant de l’offensive du capital est amorcé, la nouvelle forme de mondialisation est engagée.

Le point de départ sur ce continent est celui de la création de conditions favorables à la formation d’un marché mondial. En Amérique Latine le terrain avait été préparé par les divers gouvernements d’extrême droite.

-         Destruction des organisations de travailleurs.

-         Destruction de toute expression politique.

-         Liquidation physique ou cooptation des  élites.

La course au "développement" était engagée, en fait il ne s’agit que d’une nouvelle forme d’accumulation du capital. Les USA imposent « la main invisible » (formule d’Adam Smith), la mondialisation économique et financière s’inscrit désormais dans une perspective néolibérale : économie de marché basée sur le respect de la liberté individuelle, recherche par chaque agent économique de son propre intérêt.

Le postulat fondamental réside dans l’existence supposée d’un mécanisme invisible « la main invisible » qui ajuste en permanence la demande à l’offre (de biens, de services, de travail, de capitaux). Les prix doivent pouvoir s’ajuster sans entrave et librement et l’Etat ne saurait venir perturber ce fonctionnement concurrentiel de l’économie (Il resterait le garant de la sécurité des individus, de la liberté d’entreprise et du droit de propriété).

La mondialisation telle que nous la connaissons découle de la volonté d’imposer le modèle néolibéral, elle est le produit d’un choix politique.

Mondialisation et politique

La chute du communisme à l’est a bouleversé le rapport de forces à l’échelle de la planète, le monde est devenu unipolaire, les USA deviennent non seulement la première puissance économique mais aussi la première puissance militaire. Ils peuvent désormais jouer seuls les gendarmes du monde et ne s’en privent pas (Guerre du Golfe, Afghanistan, Irak..) et les attentats du 11 septembre leur offrent l’ occasion d’engager la guerre contre le terrorisme international. Cette croisade devient même l’enjeu de toute la politique mondiale.

La conséquence est le renforcement des politiques sécuritaires et militaristes, dernier exemple en date l’Iran et sa volonté de se doter de l’arme nucléaire.

Mais les USA ne sont pas les seuls en cause,  par exemple la visite  président Jacques Chirac en Tunisie en 2004 s’est conclue par une réunion entre les pays du sud d’une part ( Espagne, France, Italie, Portugal et Malte) et le Maroc, Tunisie, Libye , Mauritanie, Algérie d’autre part, les questions traitées à ce sommet furent :

-         La coopération en matière de sécurité.

-         La coopération en matière d’immigration clandestine.

-         La coopération  en matière de lutte contre le terrorisme.

-         La coopération en matière de criminalité.

La politique de resserrement sécuritaire s’étend désormais au-delà de la Méditerranée, la sécurité devient l’enjeu de quasiment toutes les politiques intérieures, rappelons nous de l’exploitation du thème de la sécurité lors des élections de 2002 en France.

Bien sûr cette politique répond à des inquiétudes réelles des populations mais ces inquiétudes sont plus suscitées par les bouleversements sociopolitiques induits par la mondialisation, que par la réalité de l’insécurité.

La mondialisation provoque un brouillage des schémas établis depuis des années, les frontières bien claires et bien définies auparavant sont désormais menacées et brouillées.

-         Frontières entre Etats.

-         Frontières de l’Europe à redéfinir depuis l’élargissement à l’est et le désir d’intégration de pays du sud (Turquie)

-         Frontières internes à chaque pays (brouillage de la traditionnelle opposition droite gauche)

Face à tous ces brouillages, vu d’Europe le monde arabe apparaît bien plus lisible et l’apparition d’un islamisme radical  le rend encore plus lisible en renforçant les amalgames entre religion et origine, religion et culture, musulman et arabe.

Une nouvelle frontière se crée  entre Orient et Occident, entre monde musulman et monde chrétien. Là encore la situation est le produit de choix politiques pensés et réfléchis :

-         Lutte contre le terrorisme = croisade contre l’islam (l’un pourrait bien être le simple prétexte de l’autre).

-         Lutte contre l’insécurité = lutte contre l’invasion de populations dangereuses.

Il faut rassurer, créer un écran de fumée qui masque les vrais problèmes qui minent nos sociétés.

Il faut à tout prix identifier un ennemi à combattre.

A l’intérieur même de nos pays  désormais l’ennemi extérieur et l’ennemi intérieur se confondent.

Rappelons nous de l’affaire du foulard islamique, l’ennemi est dans nos écoles, dans nos banlieues, dans nos villes et grâce aux médias dans nos villages et nos foyers.

La priorité politique de l’Europe est claire : contenir les candidats à l’immigration et la menace terroriste au sud. Les Etats du Maghreb doivent jouer le rôle de gardes frontières en contrôlant leurs populations par tous les moyens, bien sûr dans ces pays le sujet de la démocratie et des droits de l’homme est repoussé aux calendes grecques. Sauf en Turquie pour laquelle la Communauté Européenne s’émeut …il est vrai que ce pays a des velléités d’immigration ou d’intégration vers le nord.

 Il en va de même aux USA où la frontière sud doit rester hermétique à l’émigration latino.

Le problème demeure, l’homme, sa liberté, ses droits de citoyen ne sont pas la priorité loin s’en faut d’une mondialisation qui est telle qu’elle est par choix politiques.

Elle s’établit sur des rapports de forces et non de complémentarité et de fraternité.

Ce sont ces mêmes rapports de force qui régissent la mondialisation économique et financière, c’est le libéralisme.

Le libéralisme

 Ses partisans disent qu’il profite au consommateur :

Plus de choix, plus de liberté, des prix plus bas mais en fait le libéralisme tend à tuer la concurrence par la création de monopoles ce qui réduit de fait le choix des consommateurs et fait augmenter les prix.

Par exemple dans les services publics toute privatisation s’est traduite par une baisse du service et une hausse des prix. Dans le  cas de systèmes de retraites privés, les usagers n’ont plus la sécurité et se retrouvent sans rien en cas de faillite, (c’est ce qui s’est passé aux USA en2002 avec la faillite d’ENRON).

De plus le consommateur est tenu à l’écart des mécanismes et des pratiques du système ce qui le prive de sa liberté de choix et de décision.

Les partisans du libéralisme affirment aussi que la croissance crée des emplois ce qui est vrai dans un premier temps mais ensuite les profits générés servent à délocaliser, financer les restructurations puis licencier.

Les partisans du libéralisme souhaitent que seul le marché détermine les prix selon la loi de l’offre et de la demande mais en réalité le marché est déterminé par la spéculation financière, la recherche du profit immédiat , le marché est manipulé et ne joue pas son rôle de régulation. Indépendamment de la qualité de leur production nombre d’entreprises se retrouvent en faillite, victimes du système.

Les partisans du libéralisme affirment  que pour favoriser la croissance dans un marché concurrentiel les entreprises et les pays doivent être compétitifs au niveau mondial.

Une obligation que l’Europe dans son projet de constitution n’avait pas négligée.

Voici quelques extraits de l’article 3 du Projet :

- "L'Union et les États membres veillent à ce que les conditions nécessaires à la compétitivité tde l'industrie soient assurées et son action vise à encourager un environnement favorable à Il'initiative et au développement des entreprises (...) Elle évite d'imposer des contraintes administratives, financières ou juridiques telles qu'elles contrarieraient la création de PME "  (article III-279)

- "L'Union "recherche la flexibilité de la main d'oeuvre et du marché du travail" (article III-203)

- "L'Union et les États membres veillent à ce que les conditions nécessaires à la compétitivité de l'industrie de l'Union soient assurées." (article III-279).

La compétitivité impose aussi un allongement du temps de travail.

Au niveau européen le temps de travail est fixé par directive à 48 h par semaine avec la possibilité d'aller jusqu'à 65 h (la seule obligation pour les entreprises est d'obtenir l'accord des salariés mais il est évident qu'avec le chantage au chômage et à la délocalisation....). La même directive prévoit aussi de distinguer le temps de travail actif et le temps de travail passif (temps de garde par exemple) ce dernier n'étant plus pris en compte dans le décompte du temps de travail.

L’objectif est de faire de l’espace européen la zone la plus compétitive d’ici 2010, l’Europe s’engage donc dans :

-         Une course vers les salaires les plus bas possibles.

-          Une durée du temps de travail de plus en plus longue.

-         La précarisation des emplois.

-         L’insécurité sociale.

-         La réduction des allocations chômage.

-         La privatisation des services publics au profit des entreprises.

En s’engageant dans cette politique l’Europe tient à préserver sa place dans le panorama mondial qui, dans le contexte de la mondialisation libérale détermine trois grandes zones à forte influence : Amérique du Nord, Europe, Asie.

Cette nouvelle donne remet en cause les traditionnels concepts  « Nord/Sud » «pays développés/ en voie de développement/ pays sous-développés» et crée de nouvelles fractures mondiales.

Les fractures mondiales

Revenons sur l’idée de « développement ».

Développement et sous-développement sont liés dans la mesure où les pays développés et les pays sous-développés sont liés au marché mondial. Le développement des économies « fortes » est le produit du maintien des économies « faibles » en état de sous-développement. S’il y a développement d’un côté c’est grâce au sous-développement de l’autre. En conséquence le chemin qui mène de l’un à l’autre n’existe pas et n’existera jamais si la notion de développement n’est pas redéfinie.

Si selon certains il ne faut plus réfléchir en termes d’opposition Nord- Sud, si l’on ne peut que se réjouir de la croissance économique des NPI (Nouveaux Pays Industrialisés), si l’Australie et la Nouvelle Zélande attestent l’existence d’un Sud développé, il n’en reste pas moins que l’Afrique reste à l’écart des bénéfices de la mondialisation et s’englue dans des difficultés économiques, politiques et des conflits ethniques.

Subsistent aussi les conflits au Proche Orient, en Asie Centrale, en Amérique Latine,  etc…La question du développement de la Chine et de l’Inde perturbe les règles mises en place et destinées à monopoliser les bénéfices au profit d’une minorité.

La fracture Nord-Sud reste bien réelle, les disparités en terme de répartition des richesses, en terme de respect des droits e l’homme s’accroissent.

Plus d’un milliard d’êtres humains vit en dessous du seuil de pauvreté et souffre de malnutrition et pas seulement dans les pays pauvres.

N’oublions pas que la pauvreté au delà du pur aspect « alimentaire » exclut de la communication et des réseaux sociaux. Cet aspect est souvent négligé.

Les écarts se creusent entre les pays. L’Afrique accuse un déclin dans l’ensemble des échanges internationaux, sa part représente aujourd’hui mois de 1% du commerce mondial - et on continue à parler de mondialisation !!!

Toutes les projections menées prévoient un accroissement des disparité entre l'Afrique et les pays occidentaux sur le plan des innovations technologiques, des investissements, du niveau de vie.

Les règles d’un libéralisme mondial au profit de tous sont donc fortement  ébranlées et cet avenir sombre ne peut que conforter, voire accentuer l’instabilité politique, les revendications violentes dues au sentiment d’être exclu du processus de mondialisation.

Exclusion

Dans la compétition – aussi appelée concurrence - entre les pays, l’ouverture des marchés désavantage les plus faibles et le soutien des pays industrialisés est nécessaire. Ces derniers ont une énorme responsabilité face à l’hostilité de plus en plus manifestée des populations défavorisées.

Mais il y a d’autres exclus de la mondialisation, ils se trouvent dans les pays riches ou la situation sociale se détériore du fait de cette compétition.

Au sein de la société française la tendance connue dans les années 60 à 70 à la réduction des inégalités s’est inversée, les inégalités s’accroissent désormais.

Les hauts revenus ont augmenté depuis les années 80, surtout les revenus du patrimoine financier mais ceci ne concerne que peu de personnes. En contrepartie la pauvreté s ‘est intensifiée au sein des nouvelles générations, crise économique, chômage …

Seuls la création du RMI en 1988 et la CMU en 2000 ont tenté d’apporter des réponses à l’exclusion et la misère (ce sont des mesures politiques qui n’ont rien à voir avec une prétendue régulation du marché libre).

De plus en plus de jeunes se retrouvent  en grande difficulté, d’origine sociale modeste, souvent d’origine étrangère.

La précarisation des conditions de vie et l’exclusion vont de pair. Le constat n’est pas nouveau il est connu, mais la nouveauté réside dans le fait que le nombre de personnes touchées augmente.

Ce même constat peut être fait en Angleterre et aux USA où les politiques libérales menées par Mme Thatcher et M Reagan ont favorisé l’essor du capital et en contrepartie la montée du chômage et de la pauvreté.

Les écarts se creusent au niveau social aussi dans les pays les plus pauvres où seule une minorité de la population   (fortement occidentalisée) tire partie de la mondialisation.

Pour conclure cet « état des lieux » voici quelques chiffres livrés sans commentaire.                                                                                       

Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)

Les 3 personnes les plus riches du monde sont aussi riches que les 48 pays les plus pauvres.(chiffres 1998).

Les avoirs des 84 personnes les plus riches dépassent le produit intérieur brut de la Chine avec ses 1,2 milliards d'habitants.

Les 225 personnes les plus riches disposent d'une fortune équivalente au revenu annuel cumulé des 47%  d'individus les plus pauvres de la planète, soit plus de 3 milliards de personnes.

Selon le même organe des Nations-Unies, il suffirait de moins de 4% de la richesse cumulée de ces 225 plus grosses fortunes mondiales (évaluées à plus de 1000 milliards de dollars) pour donner à toute la population du globe l'accès aux besoins de base et aux services élémentaires: santé, éducation, alimentation.

 Rapport ONU - PNUD 1998 - disponible chez Economica, 49, rue Héricart, 75015 Paris

Autres chiffres:

122 entreprises sont à l'origine de 80% de toutes les émissions de dioxyde de carbone.

Pour sa fabrication, un yacht de luxe nécessite 200.000 heures de travail, soit 96 années de travail d'une personne (8 heures par jour, 5 jours sur 7). Ainsi, avec ce qu'il gagne en quelques jours, un milliardaire peut s'approprier la vie entière d'un autre être humain.

Aux Etats-Unis, les 100 plus importants PDG gagnent chacun en moyenne 1000 fois plus que leurs salariés "ordinaires".

La fortune personnelle de Bill Gates (50 milliards de dollars) est égale à la fortune cumulée des 106 millions d'Américains les plus pauvres...

Le budget militaire américain de la seule année 2004 a été de 480 milliards de dollars, ce qui représente une dépense de 27.342 dollars par heure depuis la naissance du Christ.

En 2002, George W. Bush a décidé une hausse des dépenses militaires de 40 milliards de dollars. Cette seule augmentation du budget militaire américain représente exactement la somme qui serait nécessaire  pour résoudre définitivement le problème de la faim dans le monde, (selon les estimations de l'ONU).

L'écart des salaires se creuse : Par exemple une ouvrière asiatique qui travaille pour Disney travaille 14 heures par jour pour un salaire de 0,28 dollar de l’heure dans le même temps le PDG de Disney gagne 1 00 000 fois plus.

En 2002 20% de la population accaparait 80% des richesses, 80% des voitures en circulation, consommait 60% de l'énergie, le milliard d'habitants les plus pauvres se partageaient 1 % du revenu mondial.

Ces chiffres parlent d’eux mêmes, le bonheur des uns se bâti sur le malheur des autres et posent la question du libéralisme comme seul choix possible. Comment atténuer ses effets négatifs, les Etats ont-ils le pouvoir d’imposer des choix politiques à une économie toute puissante ?

2          L’ETAT ET LA MONDIALISATION

 

Le pouvoir de l’Etat

On reproche à l’Etat son incapacité à gérer les dérèglements sociaux provoqués par la mondialisation libérale, son impuissance face aux délocalisations vers des pays à bas salaires, mais en on-ils le pouvoir ? Car face aux Etats les multinationales se dotent de tous les attributs de la puissance de l’Etat :

-         Réseaux de communication.

-         Satellites ( Microsoft vient de renoncer à son projet « télédis » , un réseau de 288 satellites qui devaient constituer un maillage tout autour de la planète.

-         Services de renseignements.

-         Fichiers privés.

      -    Armées privées.

Les armées privées existent déjà au Etats-Unis. Il s'agit des sociétés DynCorp, CACI, et MPRI, prototypes des futures armées privées. Dyncorp est intervenu dans de nombreuses régions où les Etats-Unis souhaitaient intervenir militairement sans en porter la responsabilité directe (en Amérique du Sud, au Soudan, au Koweït, en Indonésie, au Kosovo, en Irak...).

 Fin 2002, Dyncorp a été rachetée par Computer Sciences Corporation, l'une des plus importantes sociétés américaines de services informatiques. En Mai 2004, Dyncorp et MPRI ont été impliquées dans les tortures sur les prisonniers irakiens.

Les armées privées (appelées "sous-traitants" par le Pentagone) représentent 10% des effectifs américains envoyés en Irak.

Il ne manque plus à ces multinationales que  de créer leurs propres armées car les armées et les polices nationales ne sont pas adaptées à la défense de leurs intérêts dans le monde.

      - Institutions judiciaires établies par l’OMC et l’AMI. (Accord grâce auquel une multinationale pourra traîner un Etat en justice, devant une cour de justice internationale spéciale).

L’Etat peu à peu se désengage du domaine social, renonce à son rôle de protection, redistribution et promotion sociales. Au contraire les salaires sont quasiment bloqués (le pouvoir d’achat moyen des salariés est inférieur à ce qu’ill était il y a 20 ans. La fiscalisation s’accroît ; la santé et l’éducation se « marchandisent », le chômage augmente ainsi que le nombre de licenciements, les emplois se précarisent).

L’Etat est discrédité, les mécanismes de représentation politiques  ne fonctionnent plus. Parmi la population l’engagement civil, culturel, social, politique ne fait plus sens.

L’Etat providence qui régnait en France depuis les années 30 fait partie du passé, il avait pourtant institutionnalisé bon nombre d’avancées sociales : congés payés, retraite, couverture sociale, indemnités de chômage etc…

L’Etat gérait les affaires dans un cadre national mais, face à la puissance des multinationales, du G8 (ou G20) , du FMI, de l’OMC , de l’Europe, quel rôle peut jouer l’Etat ? De quel pouvoir dispose-t-il pour protéger les intérêts particuliers de ses concitoyens et particulièrement des plus faibles d’entre eux ?

Même les fonctions régaliennes de l’Etat sont remises en cause :

-         légiférer (avec les instances Européenne, directives et règlements).

-         Force armée (avec les organisations militaires occidentales et peut-être la future armée Européenne

-         Battre monnaie (avec l’Euro).

 Le rôle de l’Etat a changé et il s’est affaibli. Les théoriciens ès relations politiques voient le nouveau rôle que pourrait jouer l’Etat comme une action de gouvernance plutôt que de gouvernement.

-         Fonction de médiateur dans les conflits sociaux.

-         Fonction d’encadrement des décisions venues de l’extérieur.

Plutôt que fonction de décideur et de mise en œuvre d’une politique publique.

Chaque Etat serait un négociateur avec les instances supra nationales, les structures économiques et financières  internationales et avec les autres Etats.

Mais dans ce cas là, l’Etat Nation pourra-t-il répondre à la demande croissante d’interventionnisme de l’Etat dans les secteurs économiques et financiers ? Prendre les mesures sociales pour atténuer les effets du tout économique ? Contrôler les décisions et la conduite des grandes entreprises ?

Rappelons nous la phrase du 1erMinistre Lionel Jospin lors de la fermeture de l’usine Vilvorde par Renault « l’Etat ne peut tout faire ».

En vérité l’Etat ne peut surtout pas imposer des politiques sociales aux entreprises, cela affaiblirait leur compétitivité au niveau mondial.

Mais tant que ces entreprises tireront profit à délocaliser dans des pays à bas salaires et des lois sociales et environnementales moins contraignantes, elles le feront.

Mais, répétons le c’est au niveau politique au départ que ces conditions se sont crées , c’est par choix politique que la mondialisation des marchés et des entreprises se fait sans contrepartie au niveau social..

Par exemple, nous sommes en pleine phase de délocalisation des services publics au profit des entreprises, une privatisation qui est précédée d’un sabotage de ces services (par le politique) pour que leur inefficience serve de prétexte à leur privatisation.

Voici ce qu’on peut lire dans un document de l’OCDE :

"Si l'on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d'élèves ou d'étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d'inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l'enseignement.

Cela se fait au coup par coup, dans une école et non dans un établissement voisin, de telle sorte qu'on évite un mécontentement générai de la population,"

Cahier de politique économique" n° 13 de l'OCDE 

L’avenir de l’Etat Nation

Il semble clair que l’Etat Nation tel que nous le connaissons connaîtra de profondes évolutions. Quel est son avenir ? Voici quelques citations qui montrent qu’il est d’ores et déjà tout tracé :

 "Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, Times Magazine et à d'autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été assujettis à l'exposition publique durant toutes ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d'une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l'autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés."

David Rockefeller -Président et fondateur du Groupe de Bilderberg et de la Commission Trilatérale. Président du CFR. Propos tenus à la réunion du Groupe de Bilderberg à Baden Baden en 1991.

"Aujourd'hui, l'Amérique serait outrée si les troupes des Nations Unies entraient dans Los Angeles pour restaurer l'ordre. Demain ils en seront reconnaissants ! Ceci est particulièrement vrai s'il leur était dit qu'un danger extérieur, qu'il soit réel ou promulgué, menace leur existence. C'est alors que les peuples du monde demanderont à être délivrés de ce mal. L'unique chose que tous les hommes craignent est l'inconnu. Confrontés à ce scénario, les droits individuels seront volontairement abandonnés au profit de la garantie de leur bien-être assuré par le gouvernement mondial."

Henry Kissinger

Membre du Groupe de Bilderberct, de la Commission Trilatérale et du CFR

"Nous aurons un gouvernement mondial, que cela plaise ou non. La seule question sera de savoir si il sera créé par conquête ou par consentement."

Paul Warburg

Financier, membre du CFR (Council on Foreign Relations)

« Nous sommes à la veille d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est la bonne crise majeure, et les nations vont accepter le Nouvel Ordre Mondial. »

David Rockefeller.

La mondialisation pourrait bien signifier la fin de l’Etat Nation .Elle pourrait bien mettre en péril la Démocratie elle- même.

3  MONDIALISATION ET DEMOCRATIE

Le poids des multinationales

Le pouvoir réel n’est plus entre les mains des gouvernants mais entre celles des dirigeants de multinationales ou d’institutions dont bien peu d’entre nous connaissent le fonctionnement et le réel pouvoir (FMI ? Banque Mondiale, OMC, Banques centrales..)

Le poids des multinationales a depuis longtemps dépassé celui des Etats. Plus riches, plus puissantes elles se placent au dessus des pouvoirs politiques et au dessus des lois.

Exemples (chiffres 199)  Chiffres d'affaires ou PIB, en milliards de dollars :

1.   General Motors 178,2 ( 2000)

2.   Toyota 95,2

3.   Thaïlande 157,3

4.   IBM 78,5

5.   Mitsubishi 129

6.   Egypte 75,2

7.   Royal Dutch Shell 128,1

8.   Chili 74,3

9.   Irlande 72

10. Exxon (Esso) 122,4

11. Venezuela 67,3

12. Ford 100,1

13. Portugal 97,4

14. Nigeria 29,6

Les citoyens continuent de bénéficier du droit de vote mais celui-ci est vidé de son contenu, de plus la professionnalisation de la politique la bureaucratie de l’Etat écarte toute participation citoyenne aux prises de décisions.

La « chose publique », la République sont banalisées et toute participation à une action qui n’aurait pas pour objet la recherche du profit immédiat est rejetée.

Le marché, le marketing conditionnent et structurent la vie des individus et anéantissent de ce fait le contre-pouvoir de la société civile.

La liberté de chaque individu est préservée mais elle ne remet pas en cause les fondements du système qui administre sa vie, la liberté devient inoffensive donc la démocratie est menacée.

Dans un article, Jean Paul Fitoussi (Professeur des universités, institut d’études politiques de Paris) examine les rapports entre démocratie et mondialisation. 

Le point de vue d’un « spécialiste »

L’auteur définit la démocratie comme une recherche incessante de formes supérieures de contrat social et selon l’auteur nous vivons dans des démocraties de marché plutôt que dans des économies de marché.

D’un côté, le marché régi par le suffrage censitaire, l’appropriation des biens et proportionnel aux ressources de chacun (1 euro = 1voix).

De l’autre la démocratie régie par le suffrage universel (1 homme, 1 femme = 1voix).

Pour que le système fonctionne il faut une hiérarchie entre le politique et l’économique ainsi qu’une autonomie de la société dans le choix de modèle économique.

La démocratie n’est pas seulement un système politique c’est aussi une valeur alors que le marché n’est qu’un moyen qui, pour l’instant  s’est avéré compatible avec la démocratie.

La relation entre marché et démocratie est souvent conflictuelle mais les deux sont complémentaires.

Confier la dévolution des richesses et des emplois à la seule démocratie ne peut conduire qu’à l’instabilité et remettrait en cause l’existence même de la démocratie.

 Le capitalisme libéral prône une économie régie par les lois de la concurrence juste et parfaite, le gouvernement se garde de toute intervention. Mais dans ce système rien n’empêche l’exclusion, le plein emploi est assuré par les survivants.

L’exclusion n’est pas nécessairement la conséquence du dysfonctionnement des marchés, elle est compatible avec le fonctionnement parfait des marchés.

Cela établi la nécessité de l’intervention de l’Etat dans le jeu économique. La démocratie doit avoir son mot à dire dans la dévolution des richesses, et des revenus. L’intervention de l’Etat est nécessaire au titre de l’efficacité du système économique de marché. La politique sociale ne saurait être un simple appendice de la politique économique car elle est consubstantielle de la démocratie.

La mondialisation n’est pas un problème en soi, elle engendre des bénéfices mais en se produisant dans un rapport de force entre acteurs elle engendre la souffrance sociale.

Cette souffrance sociale n’est pas le produit de la mondialisation mais la conséquence  de la logique d’une pseudo impuissance des Etats.

L’auteur imagine un monde idéal :

« Imaginons un monde idéal où les principes démocratiques s'appliqueraient. Parmi eux, il en est un qui paraît à la fois évident et essentiel et que je propose de qualifier de Principe de Compensation : les gouvernements devraient mettre en place des règles ou des institutions qui assurent que les gains des uns soient partiellement utilisés pour compenser les pertes des autres, lorsque les premiers comme les secondes, sont conséquences d'une décision prise au nom de la collectivité.

Dans ce monde là, la globalisation des échanges apparaît comme une sage décision, et il n’y a aucun conflit  entre démocratie et mondialisation. La seconde donne naissance à un surplus que la première  distribue de façon à ce que personne ne subisse de perte nette .

Le problème ne se pose que si les catégories que  les mutations avantagent, prétextent de ces avantages pour en obtenir de nouveaux. La population des "sédentaires" se verrait ainsi appelée à verser son écot aux gagnants. Le Principe de Compensation est alors appliqué à rebours, non du fait de la mondialisation en elle-même, mais de l'affaiblissement de l'idée républicaine. »

Et la dignité de l’homme ?

 Le premier problème que rencontrerait ce type de système est celui de son application à l’échelle de la planète. Il semble difficile que chaque Etat, individuellement, le mettre en place, c’est à la Communauté Internationale qu’il incombe de rendre la mondialisation bénéfique à tous. Mais cette Communauté Internationale n’existe pas…ou pas encore.

L’autre problème posé est d’ordre moral. Peut-on accepter qu’une partie de la société vive de la charité, fût-elle institutionnalisée, de l’autre partie ?

Distribuer de l’argent à des êtres humains sous prétexte qu’ils sont inutiles, exclus, incapables de subvenir eux-mêmes à leurs propres besoins va à l’encontre d’une société digne de ce nom.

Pourtant les Etats disposent de moyens pour tirer partie de la mondialisation :

-         Investir dans l’éducation.

-         Encourager la recherche.

-         Adopter des politiques sociales justes et efficaces.

Chaque pays peut, s’il le veut vraiment faire entendre sa voix sur le plan international pour proposer l’adoption de normes universelles de conduite, de bonnes pratiques économiques et financières.

Chaque pays peut s’il le veut appliquer ses mesures sur son territoire.

Chaque pays peut se faire entendre pour imposer une aide réelle et efficace, une assistance aux pays pauvres.

Paradoxalement, c’est le Directeur Général Adjoint  du FMI qui faisait ces propositions en 2001.

 Conclusion

Il ressort de cette analyse que si la mondialisation n’est pas mauvaise en soi (elle est de toutes façons en marche)  mais si elle continue d’être organisée au profit d’une seule élite, si elle conserve son orientation strictement libérale actuelle, elle aboutira à une « marchandisation » totale, intégrale des êtres humains. Elle créera de nouvelles formes d’esclavage parmi lesquelles l’esclavage culturel n’est pas le moins dangereux.

Dans « la recherche incessante de formes supérieures de Contrat Social » le devoir de la démocratie n’est-il pas d’éclairer les hommes pour qu’ils puissent exercer pleinement leurs droits et leurs devoirs de citoyens libres ?

4   INFORMATION ET CULTURE

Les technologies de la communication et de l’information ont fait des progrès considérables, elles rendent désormais possible le partage par tous de  toutes les informations sur tous les sujets à l’échelle de la planète, elles permettent d’effacer toutes les barrières terrestres, temporelles, culturelles et sociales.

Elles rendent possible l’avènement du «village global» prophétisé par  Marshac Mc Lulham dans les années 60. Un village ou chaque individu pourrait dialoguer avec tous les autres habitants de la planète, où tous partageraient des valeurs communes et médiatisées.

Malheureusement les TIC sont loin d’être un facteur de sociabilité d’échange d’idées, loin de créer de nouvelles formes de rencontres.

Les médias (souvent manipulés)  se sont emparés des sociétés et imposent leur vision du monde. Pour ne prendre que l’exemple d’internet, une étude récente montre que «l'utilisation d'Internet diminue le cercle de relations sociales proches et lointaines, augmente la solitude, diminue légèrement la quantité de support social, et augmente les sentiments dépressifs. »

R. Kraut et al., « Internet Paradox : Asocial technology mat reduces social involment and psychological well-being ? ».

Bien sûr les exclus de ces nouveaux outils sont les plus démunis parmi les habitants de la planète. La question est posée, comment favoriser l’accès de  tous à l’information, à la culture et au savoir ?

Pour l’instant dans tous les pays les médias grands publics se sont accaparés l’information et la culture (ou tout du moins des moyens d’informer) et depuis bien des années l’information véritable a disparu, les journaux  télévisés par exemple ont été vidés de leur contenu - 2 à 3 minutes d’informations et des sujets magazine, reportages anecdotiques, réality shows- toute analyse sérieuse de l’information par des spécialistes a été éliminée. Seule une partie de la presse écrite tente de résister mais elle est lue par une minorité de personnes.

L’information et la culture sont devenu des biens de consommation, un marché.

La variété des cultures originales est menacée par une homogénéisation à l’américaine. Pourtant la diversité du domaine culturel est un élément indispensable à la formation de l’homme et du citoyen, elle donne un sens à sa vie, à sa participation à la vie sociale.

Maintenant industrialisée, automatisée, la production culturelle tend  vers une gamme de biens culturels reproduits à l’identique à l’échelle de la planète le plus souvent sur le modèle américain. La diffusion massive de ces biens agit comme facteur d’uniformisation, d’appauvrissement de la pensée donc de la liberté.

Grâce aux TIC, un même standard de biens culturels prêts à consommer circule, ce modèle est bien sûr occidental, la machine broie tout sur son passage : les cultures dites traditionnelles sont en voie de disparition, la population de la planète n’a qu’un seul repère, un seul modèle de mode de vie et il est occidental.

Les populations les plus pauvres, assaillies d’images, de slogans publicitaires, étourdies par la société de consommation aspirent elles aussi à la jouissance des biens exposés, elles croient au mirage du libéralisme dont elles sont exclues et occidentalisent du même coup leur mode de vie.

Il faut y prêter attention car si d’un côté la diffusion est généralisée de l’autre la réception est différente selon les origines les cultures, la classe sociale. L’homme n’est pas (pas encore) un simple réceptacle passif sans jugement même s’il se réduit peu à peu a une simple cible pour les marchands, les publicitaires, les médias.

Et si la planète entière n’a pas encore adopté le même mode de vie n’oublions pas que pour le capitalisme libéral un euro (un dollar) = une voix, prenons garde à ce que l’ être humain ne se réduise pas à cette simple égalité car toute égalité juste et parfaite exclut la différence et la diversité.

Si pour gagner cet euro l’homme doit y consacrer tout son temps disponible, qu’en sera-t-il du temps pour réfléchir, rêver, crée, se consacrer à l’art, la philosophie ; si le travail intellectuel n’a plus pour objet la recherche de la connaissance, de la liberté mais est simplement guidé par les besoins du marché la vie aura alors une signification purement comptable.

Si l’homme perd sa capacité à réfléchir sur l’univers, sur le sens de la vie, de la mort, alors le bonheur, la vie, tout sera sacrifié à l’argent.

L’utilisation de la connaissance réduite à un simple objectif marchand sonnera la fin de l’esprit critique, de l’indépendance intellectuelle, du pouvoir de contestation, d’analyse et sonnera la fin de la démocratie.

6   QUELQUES PISTES DE REFLEXION POUR L’AVENIR

Comment parvenir à créer une mondialisation à visage humain ? Déjà des voix s’élèvent, des mouvements citoyens s’organisent pour dénoncer les dysfonctionnements, les abus, appeler à plus d’équité et de solidarité.

Exemples

Le mouvement ATTAC (association pour la transaction et la taxation des transactions financières pour l’aide au citoyen) s’organise en réseau à travers le monde entier, dénonce les abus de la mondialisation et réclame une taxe sur les transactions financières (taxe Tobin). Les recettes seraient affectées à la lutte contre les inégalités, l’aide au développement, la protection de l’environnement.

La CES (Confédération Européenne des Syndicats) compte 50 millions d’adhérents de 40 organisations syndicales de 21 pays européens. Elle a rassemblé 80 000 manifestants au sommet européen de Laeken en décembre 2001 pour une Europe plus solidaire.

Via CAMPESINA regroupe des paysans du monde entier (y compris la Confédération paysanne en France).

L’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, fondée en 1993 regroupe des membres de 115 pays.

Des contre-sommets inter mondialistes sont organisés et attirent des milliers de participants.

D’innombrables mouvements se créent, antiracistes, mal logés, chômeurs, exclus, sans papiers, sida, homosexuels, etc.…..Les ONG prennent aussi part au débat, citons Greenpeace.

La société civile s’organise dans chaque pays, se regroupe au niveau mondial pour faire entendre sa voix.

Quelle crédibilité accorder à tous ces mouvements, organisations ?

-         Leurs représentants ne peuvent s’exprimer qu’au nom de leurs adhérents et non au nom de la société civile dans son ensemble.

-         Leurs actions sont souvent spontanées, en prise directe avec l’actualité et …éphémères.

-         Se pose aussi la question de leur possible manipulation par des appareils politiques, économiques.

Malgré toutes ces interrogations, il est  clair que la société civile internationale essaie de se structurer, au-delà des clivages, des intérêts particuliers, elle commence à faire entendre sa voix pour une mondialisation qui prenne en compte l’individu et le citoyen.

Le passé  a prouvé que des solutions pouvaient être trouvées et appliquées.

Citons l’exemple de Che Guevarra et de Sartre  .

Le Che en appelait à un socialisme qui se fait pour « l’Homme Intégral » qui s’instaure sur un type d’ « Homme Nouveau, débarrassé de l’égoïsme et individualisme bourgeois ». Pour construire le communisme il faut changer l’homme en même temps que la base économique.

Il fallait modifier le rapport des hommes entre eux et envers le travail, c’était la qualité de la vie elle-même qu’il fallait changer. Les progrès matériels devaient être accompagnés d’un nouveau sens de la vie, guidés par la fraternité et la solidarité. Le Che prenait une position philosophique qui privilégie l’action consciente et organisée comme création des réalités sociales. Pour cela il prônait une participation consciente, individuelle et collective à tous les niveaux.

Sartre pour sa part affirmait qu’il n’y a pas une, mais des philosophies : à chaque époque se constitue une philosophie qui donne son expression au mouvement général de la société. Une autre philosophie  ne sera possible - affirmait-il- que lorsque la praxis humaine aura crée une autre société.

PRAXIS : Selon les marxistes, toute activité humaine transformant le monde. Selon Sartre, activité d’une volonté libre en situation.

Remplaçons chez les deux auteurs les mots communisme et socialisme par société civile internationale et nous retrouvons dans leur pensée une utopie que nous Francs Maçons défendons et portons chaque jour.

D’autres mouvements ont ouvert des voies intéressantes qui peuvent servir d’exemple.

Citons les mouvements indiens d’Amérique Latine dans les années 60 à 80.

Dès que leurs revendications sociales ont cessé de s’inscrire dans des structures syndicales ou politiques classiques, leur action a été entendue :

-         Katarisme en Bolivie.

-         Fédération Shuar en Amazonie Ecuatorienne.

-         Ecuarunami dans les Andes.

L’action de ces mouvements a été efficace dès qu’ils ont adopté une logique de mobilisation sociale et pacifique, dès que les questions de droits culturels, d’affirmation de la différence, de demande de reconnaissance, de recherche d’autonomie ont été au centre de leurs préoccupations en tant qu’éléments consubstantiels de la démocratie.

Mais il faut aussi constater que le Zapatisme qui a toujours refusé de s’inscrire dans  des structures de parti, qui a toujours refusé de prendre part à des élections ; qui  est celui qui a eu le plus fort impact dans son pays et sur la scène internationale… n’est devenu un acteur social ou politique central ni au niveau du Mexique, ni sur la scène internationale.

Seule la création d’une véritable Société Civile Internationale, soudée autour de valeurs communes, organisée selon des modalités qui sortiront des cadres existants, forte car déterminée à se faire entendre, puissante par le nombre de personnes impliquée pourra proposer et faire appliquer une nouvelle voie.

 

Sources :

« La mondialisation » – Michel Houdu  Hyacinte Ravet. (2002) (Ellipse)

« Civilisation Latino-Américaine »Jaime Massardo. Alberto Suárez- Rojas.(Ellipse)

« Démocratie et mondialisation »  Jean-Paul Fitoussi (article)