La bourse n’est pas une invention récente de l’humanité. En effet elle a été inventée par un Brugeois bourgeois, M. Van der Buers qui pratiquait l’échange de marchandise au sein d’un hôtel particulier. C’est donc sur un fondement économique qu’est née la bourse.
En 1250 la première cotation est intervenue à Toulouse pour permettre la vente d’actions de la société toulousaine d’électrification. C’est donc pour lever les capitaux nécessaires à la mise en place d’une société que la cotation d’action est intervenue. Il s’agissait encore là d’une finalité économique, c’est à dire de créer un outil à vocation de création d’activité. En 1540 les Lyonnais développent un système d’effet de commerce mis en place par ce que l’on appelait les « courratiers » aujourd’hui dénommés « agents de change ». C’est donc encore à la base le développement des échanges qui justifie la mise en place d’un produit financier permettant de faciliter les échanges d’actes de commerce. En 1719 c’est sur le titre de la compagnie des Indes que la spéculation se met en place.
La bourse de Paris se constitue en 1724 pour professionnaliser le métier en instituant le monopole des agents de change. Par ailleurs aux Etats Unis la bourse s’est développée sur le commerce international du blé pour assurer les ressources des paysans lesquels cherchaient des contreparties aux risques de non-réalisation de la production ? Ainsi ils vendaient la récolte du blé qu’ils avaient semée à des acheteurs qui eux prenaient le risque des intempéries, de l’évolution des prix ou de tous autres aléas. C’est donc bien sur un fondement économique et sur les échanges de production ou de produit que les relations financières se sont développées entre les différents acteurs de la bourse afin d’assurer une ressource à un vendeur et de permettre une plus value financière en contrepartie d’un risque, y compris de tout perdre.
Au fil du temps les relations de tous ordres se sont construites et affinées. Le développement de l’informatique et des calculateurs à permis une analyse de plus en plus fine des risques, donc de la sécurité des échanges. Le système s’est donc peaufiné jusqu’à limiter les risques au maximum et à assurer à l’initié un risque minimum pour un profit maximum, d’autant plus que la multiplicité des offres a permis une grande capacité de chacun à diversifier les produits, donc diviser les risques en appliquant la bonne technique paysanne « ne pas mettre tous les œufs dans le même panier ».
Le développement des échanges économiques en parallèle de la structuration des relations internationales a permis de multiplier les offres de services boursiers liés aux risques donc les possibilités d’intervention de la bourse. Il en a été ainsi des :
- Des transferts de matière première
- Des échanges à l’exportation
- Des implantations d’entreprises internationales
- De la recherches de réduction des coûts
- Des relations touristiques
L’interdépendance des Etats en matière économique a permis le développement de la valorisation des monnaies les unes par rapport aux autres. De la, à ce que se constituent des moyens de pression entre compétitivité des territoires il n’y avait qu’un pas qui a été très vite franchi.
Les échanges ne pouvaient donc pas rester inorganisés dans un environnement sans règle car la notion de risque y compris dans une économie très libérale ne peut exister que si les règles de fonctionnement existent pour limiter les risques. En fait les règles existent mais ne sont connues que de ceux qui détiennent le pouvoir dans un rapport de force uniquement financier.
Il y avait donc lieu d’organiser les rapports financiers. Il en fut ainsi de la mise en place d’une cotation (des actions, des monnaies etc …) et d’outils de comparaison. Ce système a fonctionné et fonctionne toujours quel que soit le système économique mis en place, que l’économie soit de type libérale ou administrée. Pendant longtemps la bourse était le domaine réservé des classes favorisées et ne concernait pas une grande partie du peuple. L’économie reposait le plus souvent sur un encadrement strict de la monnaie et du crédit, ce qui limitait l’économie, donc les échanges. L’activité boursière se satisfaisait de cela parce que limitée dans son champ d’action au seul profit d’une classe possédante limitée en nombre. L’ouverture de la société de consommation a nécessité le désencadrement de l’économie et celui du crédit. Il s’en est suivi en parallèle une ouverture du marché financier. La maîtrise de ce marché a donc justifié une organisation encore plus rigoureuse, une stratégie nouvelle et un développement des produits donc une amélioration des analyses pour ouvrir ce marché très spécialisé et professionnalisé à un public plus large, encore une fois pour diviser les risques.
Le développement de la société de consommation à permis l’enrichissement des populations via la création de richesse résultant de la capacité à produire. Il a aussi développé le besoin de consommer donc la demande de monnaie. Un nouveau marché s’est donc fait jour, d’un coté l’épargne pour ceux qui possédaient la richesse et de l’autre l’emprunt pour ceux qui consommaient ou investissaient. C’est le marché de l’argent qui s’est ainsi mis en place. Il s’est intensifié avec les besoins en matière d’équipements collectifs, grands mobilisateurs d’épargne à travers les émissions d’emprunt obligataires. Les produits d’épargne et les formules de prêts ont fleuri de partout en parallèle de la croissance des outils bancaires, seul intermédiaire en ce domaine et garant de la liquidité des créances du peuple donc de sa richesse.
En fait le système bancaire est l’emprunteur des clients de la banque donc le client du peuple dont il est le dépositaire de l’épargne. N’y a-t-il pas là une grande dépendance du système financier, donc une grande force du peuple ?
En effet, l’espace financier comme toute action au sein de la nature est fondée sur l’équilibre c’est à dire sur une égalité ou si ce n’est une égalité, au moins une équivalence. Ceci veut dire que le système financier est nul, qu’il ne possède rien. Autrement dit la somme des dépôts qui lui sont confiés est égale à la somme des concours qu’il verse aux acteurs de l’économie. N’y a-t-il pas là un pouvoir que le peuple devrait s’engager à maîtriser ? Le constat de la puissance du secteur bancaire mutualiste est bien la preuve que la force financière du peuple est une réalité. La longue ascendance du secteur bancaire mutualiste jusqu’à la domination, indique que si le peuple est un véritable mutualiste, il est le détenteur de la puissance financière, du moins en France donc potentiellement du monde demain. C’est un immense espoir pour le peuple s’il en prend conscience.
La bourse aujourd’hui comme tous les métiers se professionnalise jusqu’à l’extrême tout en se vulgarisant, pour se protéger. Le professionnalisme à pour objet de réduire l’exercice de la profession afin de se partager le marché et en tirer le maximum de profit. C’est la démarche de la situation de monopole. La vulgarisation est indispensable à la vente du produit ou du service. Ici la situation est légèrement différente, dans la mesure ou la vente repose sur un concept ou un service reposant sur la mobilisation d’argent. Le principe étant que la bourse est un jeu à somme nulle, il est nécessaire de mobiliser et de faire circuler l’argent. Ce qui compte c’est le flux d’argent et la gestion des risques. Il faut donc vulgariser au maximum pour que de nombreux acteurs incompétents (le peuple) apportent de petites masses individuelles en nombre important pour assumer les petites pertes individuelles en grand nombre qui permettront à quelques-uns uns de faire sans risque de gros profits (seul l’initié est réactif et apte à mesurer le risque).
Le marché boursier n’a plus rien de sa vocation d’origine, au service de l’économie. Il est devenu spéculatif et fondé sur la rumeur pour manipuler les contreparties. Par les masses financières qui le caractérisent ce marché est un réel pouvoir économique et politique au seul service de ses acteurs majeurs ( les cent familles).
L’interdépendance des Etats, la mondialisation de l’économie, la rapidité des échanges, la permanence de l’ouverture des marchés financiers développent les possibilités de diviser les risques de multiplier les produits et de faciliter les flux. Aujourd’hui les professionnels de la finance font travailler l’argent sans jamais déplacer leur propre richesse. Seul le facteur temps est une mesure de la capacité à valoriser le rapport de l’argent placé. Les achats–reventes en bourse ne se mesurent pas en mois, en semaines ou en jours mais en heures, en minutes ou bientôt en secondes. Quelle est la place du petit épargnant au milieu de cette immensité financière reposant sur des fondations économiques si lointaines que personne ne se préoccupe réellement de la valeur des supports de titres ? Seule la rumeur est retenue pour acheter ou vendre. Le dimensionnement des entreprises cotées ne permet pas de connaître avec précision la réalité de la valeur des titres correspondants (cf. VIVENDI). Le marché financier est aujourd’hui condamné à agir toujours pour être en mouvement. Si par le plus grand des hasards une phase d’immobilisme lui était imposée, le marché financier serait en grave difficulté car une image fixe serait sans aucun doute très différente de l’image véhiculée. Cependant le marché financier est aujourd’hui une contrainte du schéma organisationnel occidental, et chacun considère qu’il doit s’imposer à tous à travers le monde. Le marché se développe donc dans les pays du tiers monde, non pas parce que le peuple y trouvera son compte mais parce que l’extension du marché économique est un préalable à l’extension du marché financier, lequel a absolument besoin d’un développement permanent pour assurer sa pérennité.
Les relations entre les peuples ne sont plus économiques mais financières puisque le préalable a toute action est financière ("quelle est la rentabilité du placement initial ?"), ce qui tue le secteur industriel dans nos sociétés occidentales au profit du seul service et du rapport de l’investissement. L’organisation économique n’est pas fondée sur la fabrication d’un produit pour répondre aux besoins du peuple mais sur la rentabilité que générera le besoin, quelle que soit la réponse apportée. Nous sommes donc sortis de la mondialisation de l’économie pour entrer dans la financiarisation des rapports entre les peuples, entre les hommes.
La puissance est avant tout, financière. Le puissant est celui qui possède et pas celui qui crée. Ainsi le système des valeurs est renversé. Le fait politique est devenu secondaire. Au sein d’un pays l’argent est roi, le raisonnement financier prime :
- La monnaie en dépend (cotation)
- L’inflation en dépend
- Les entreprises en dépendent (mobilisation de fonds propres)
- Le crédit en dépend (taux et masse)
- L’épargne en dépend ( taux et collecte)
- L’économie en dépend ( volume d’activité et compétitivité)
- La politique en dépend (soumission ou non)
- La République en dépend
* Que doit donc faire le peuple devant une telle situation ?
* Devons nous continuer à rêver d’une République de citoyens. Irréalisable ?
* Devons nous constater, et confier les outils de notre puissance à nos propres détracteurs ?
* Sommes-nous capables de nous reconnaître et de créer les conditions d’une réelle prise de pouvoir par le seul bulletin de vote ?
* Sommes-nous capables de jouer sur le terrain de nos détracteurs, c’est à dire la finance ?
* Avons-nous légitimité à créer les conditions d’une révolution financière ?
* Avons nous l’envie de faire cette révolution et de la conduire à son terme pour ensuite la conserver en bon état de fonctionnement pour le profit du plus grand nombre ?
Il est de notre devoir de lancer des pistes novatrices et utopiques, à priori inaccessibles au même titre qu’il pouvait paraître inaccessible à nos ancêtres de prendre la Bastille. En sommes nous réellement capables et en avons-nous la volonté ?
C’est la vraie question à laquelle nous devons répondre et c’est un réel engagement pour conduire l’action qui passera par la mise en œuvre de la citoyenneté pour que la République repose sur des citoyens responsables et non des sujets serviles et corrompus.