Le capitalisme rhénan

Dans ce système capitaliste, l’objectif réel de l’entreprise n’est pas l’optimisation du profit, la satisfaction de l’actionnaire, mais la conquête de parts de marché par le perfectionnement et l’expansion de la production. Sur le plan idéologique, le producteur est roi : l’attention au progrès technologique et à la formation de la main d’œuvre est extrême. Il faut exceller dans la qualité. La stabilité du noyau qualifié de la main d’œuvre est une implication socio économique acceptée de tels à priori. (l’exportation est une condition de sa survie qui suppose l’existence de son double négatif, le capitalisme importateur.).La vision à long terme de ce capitalisme intégré favorisant la recherche technologique, l’investissement, la formation des personnels et leur stabilité dans l’entreprise trouve systématiquement sa source dans les valeurs de continuité qui définissent la famille souche (sur un plan anthropologique).

Ce capitalisme possède plusieurs caractères remarquables qui contribuèrent à sa réussite. C’est un capitalisme familial. L’emploi des membres de la famille permet de limiter la bureaucratie. Un grand prix est attaché à la loyauté de l’entreprise de la part de la famille comme des salariés. Ce capitalisme repose aussi sur une éthique favorisant la qualité des produits et limitant fortement la fraude (impact du protestantisme ). L’intégration de la classe ouvrière au système économique constitue l’un des principes inhérents à la tradition économique allemande. A l’orée du XX siècle, le SPD est favorable à la collaboration avec le capitalisme ; il est nationaliste, colonialiste, et approuve la politique militaire de Guillaume II. En 1959, le SPD a renoncé aux nationalisations et à la planification pour promouvoir la cogestion (programme de Bad-Godesberg). Le principe allemand « d’économie sociale de marché » définit ce système qui a son correspondant au niveau des entreprises avec la « cogestion ». Patrons et actionnaires, travailleurs et syndicalistes partagent la gestion et recherchent un consensus dans l’intérêt général. (Les augmentations de salaires s’inscrivent ainsi dans des conventions collectives longuement négociées, alors qu’elles sont individualisées dans les pays anglo-saxons).  « L’économie sociale de marché» est mise en place en 1960-61 par la CDU . Le SPD cherchera à favoriser un modèle plus proche de l’état providence à partir de 1969 . (sécurité sociale développée - amélioration de régime retraite par répartition - renforcement de la cogestion qui sera généralisée par la loi de 1975).

Le capitalisme rhénan insiste sur 3 valeurs essentielles :

- La liberté est associée à la notion de lien : l’homme est fait pour atteindre son plein épanouissement et la liberté implique l’acceptation d’un certain nombre d’obligations sociales.

- La solidarité implique pour l’individu de travailler au bien commun.

- L’équité implique que tout individu a des chances égales de s’épanouir librement.

      Le lustre du capitalisme rhénan a largement tenu à sa volonté qui fut toujours la sienne d’intégrer le monde du travail à une organisation économique fondée sur le capital et le marché, et de construire, par l’économie sociale de marché, un système conciliant la vision sociale et « l’efficacité » de l’économie libérale.