On ne peut pas avoir vocation à l’universel et regretter que le monde devienne un village.
On ne peut pas se désoler de l’amélioration matérielle, par ailleurs toute relative, de la situation de nos congénères qui vivent dans des pays trop longtemps restés à l’écart.
La globalisation des échanges sous toutes leurs formes était inéluctable dans la plupart des cas, souhaitable, et dans l’absolu, compatible avec l’idéal maçonnique.
En revanche le scénario très particulier qui s’est mis en place n’est en rien le reflet de nos aspirations ou la concrétisation de nos rêves.
Certes elle nous a fait entrer dans l’ère de la communication, fluidifié et multiplié les échanges. Elle a permis le décollage économique de pays en retard de développement. Elle a offert aux habitants des pays développés l’accès à des biens de consommations à des prix parfois dérisoires.
Nous aurions souhaité une mondialisation solidaire et généreuse et étions prêts à consentir des efforts (pour peu qu’ils soient équitablement répartis) au profit de nos congénères infiniment plus mal lotis que nous.
Le monde ne pouvait pas et ne peut toujours pas présenter de telles disparités entre ses privilégiés et ses laissés pour compte. Mais ce sont précisément ces disparités qui constituent le carburant de la globalisation, dont le but n’est pas de les combler mais de les exploiter pour accroître les profits en produisant là où la main d’œuvre est la moins chère, pour commercialiser là où la plus value est la plus importante.
Au passage et sous prétexte d’une concurrence de toute façon impossible à affronter, elle détricote le tissus social de nos pays. Ainsi, ce sont des centaines de milliers d’emplois industriels perdus et autant de nos concitoyens peu qualifiés et considérés comme peu employables qui se trouvent marginalisés.
Dans le même temps les patrons des grandes sociétés se votent des salaires injustifiables et les stock options crèvent les plafonds. Les actionnaires réclament des retours sur investissements ahurissant. Tout cela sous le regard des hommes politiques dont chacun sait que leur marge d’initiative en ce domaine s’est réduite comme une peau de chagrin.
Notre couverture sociale dont le coût nous dit-on pèse sur les salaires, est peu à peu revue à la baisse, la durée hebdomadaire du travail, le nombre de trimestres de cotisation exigé sont revus à la hausse.
Les ultras libéraux qui n’avaient jamais accepté l’Etat Providence tiennent là leur revanche.
Des pans entiers de notre économie nationalisés par le Général de Gaulle à la libération en raison de leur intérêt public, sont offerts aux appétits d’un marché de plus en plus boulimique.
Le maître mot est devenu la dérégulation comme si le marché à lui seul pouvait se substituer au pouvoir politique et assurer un développement juste et harmonieux.
Il ne nous appartient pas à nous FM, de proposer une alternative détaillée qui relève davantage d’un travail d’expert, en revanche nous sommes dans notre rôle lorsque nous rappelons la pérennité de nos principes au service de l’utopie pour préparer la réalité de demain.