Les grecs ont inventé la Cité, communauté ordonnée par la loi, égale pour tous, créée par les hommes, rendant possible la liberté individuelle, mais s’ils ont découvert la forme de la loi, ils ne sont pas allés très loin dans l’élaboration de son contenu. Ce sont les Romains qui l’ont décisivement approfondi en fixant les frontières du mien et du tien, du domaine propre et du domaine public.
Ils l’ont fait en inventant et en perfectionnant au long des siècles des notions juridiques dégagées des particularismes ethniques, grâce aux conquêtes romaines, obligeant des communautés très différentes à vivre ensemble. Les Romains vont résoudre des problèmes administratifs, de justice et de droits individuels mais ils n’avanceront guère en matière de justice sociale même si certains auteurs comme Cicéron énoncent déjà les traits d’un certain contrat d’humanité où l’homme doit pouvoir se nourrir, être membre d’une société et même se reproduire librement. En cela, il poursuit l’humanisme d’Aristote, mais malheureusement comme ses confrères romains, Sénèque ou Tacite , ils n’auront que peu d’influence et n’éviteront pas la chute de la République Romaine et la Christianisation de l’Empire sous Constantin vers l’an 300.
La Grèce et la Rome Antiques sont les 2 piliers de la tradition philosophique et politique occidentale qui ont établi des règles de droit immuables comme le droit naturel et le droit des gens propres à chaque tradition mais la christianisation de Rome et la précipitation dans le Moyen-âge introduisent une nouvelle doctrine : le droit divin. Saint-Augustin vers 400 en sera le théoricien et le chantre le plus dur de ce droit canonique, récusant la pensée philosophique et juridique de l’antiquité et présentant le monde présent comme un rien, transition vers une cité céleste ! Le seul effet obtenu de ce radicalisme religieux sera de plonger l’occident dans une période obscure ou l’écrit seul détenu par les moines et la féodalité sacrée vont régner jusqu’à la renaissance. Certains, comme Saint Thomas d’Aquin au 13° siècle, vont chercher à humaniser ce monde reprenant à leur compte la science et la philosophie de l’Antiquité, et évoquant la possibilité de la loi au peuple, de la redistribution des richesses et même du vol par nécessité. Dante va enfoncer le clou dans "la monarchie" où il va proposer une révolte humaniste contre l’attitude ecclésiastique, irrationnelle et passéiste ; ces idées vont être reprises en Italie où les cités vont se réapproprier un pouvoir démocratique et Laïque mais aussi en Germanie où les empereurs vont marcher sur la Papauté au 14°s.
Mille ans d’obscurantisme et de régression politique et sociale, peu ou pas de nouvelles philosophies ou idées politiques voilà le constat du Moyen-âge qui prouve bien que les idées nouvelles ne viennent pas seulement de philosophes géniaux mais surtout de sociétés libres qui vont permettre à ces hommes d’éclore, de traduire les expériences en cours et de projeter un futur meilleur. Il va falloir attendre Gutenberg au 15°s, pour permettre à nouveau au savoir de circuler et avec lui les progrès scientifiques de Copernic, Kepler et Galilée entre autres pour remettre en question une société moyenâgeuse et religieuse. L’ère de la renaissance arrive dans tout les domaines, artistique, scientifique, technique, philosophique, humaniste et religieux.
Selon Jean Jacques Rousseau, c’est l’ensemble des conventions qui « bien quelles n’aient peut-être jamais été formellement énoncées » constituent le socle de la vie en société.
Le contrat social, tel qu’on l’entend aujourd’hui, est une forme de convention qui lie gouvernants et gouvernés et qui détermine un champ de protection des individus face aux aléas de la vie et leur garantit la satisfaction de leurs besoins fondamentaux.
Il repose sur des fondements moraux et philosophiques.
Dépourvu, en tant que tel de réalité juridique et institutionnelle, il est essentiellement d’ordre tacite. C’est un construit inscrit dans la mémoire collective d’une nation et c’est aussi une aspiration de nature progressive.
Souvent l’aboutissement de luttes sociales, c’est l’affirmation d’une solidarité de destin et d’exigences de justice.
Sa réalité juridique, qui en est la surface émergente, est mouvante par nature. Elle constituée par un ensemble de lois et de conventions dont l’évolution est soumise aux rapports de force.