Situation sociale au Japon

Législation sociale : Assez comparable à ce que nous connaissons

      Temps de travail : 40 h sans limite des heures supplémentaires qui doivent être énumérées dans un accord collectif, approuvées par la majorité des employés et déposées au Bureau de l’inspection du travail.

            Toute entreprise de + de 10 salariés doit établir un Règlement intérieur qui décrit les règles de travail au sein de la société. Souvent les entreprises ne rédigent pas un contrat de travail mais une simple lettre d’embauche qui renvoie à ce règlement. Mais les contrats classiques existent aussi : CDI et CDD (conclus pour une durée max de 3 ans depuis 2004, prolongeable à 5 ans)

            Retraite à 60 ans

            Congés payés : max 20 jours, 10 jours le plus souvent, qui ne sont souvent même pas pris.

            Jours fériés : 15 jours qui ne sont pas imposés légalement mais sont le plus souvent accordés par coutume. Ainsi que des congés spéciaux (mariage, naissances, décès)

            Licenciement : préavis de 30 jours ou équivalent en salaire.

            Indemnité de fin de fonction sans obligation légale, souvent prévue par le règlement intérieur, souvent = 1 mois de salaire x nombre d’années travaillées x coefficient de 0.5 à 2.5 en fonction de l’entreprise, de l’ancienneté, du type de fin d’activité (démission, retraite...)

            Assurance maladie obligatoire sauf si moins de 5 salariés ou temps partiel < 75%. (4.25 % salaire brut)

            Assurance chômage obligatoire sauf si temps de travail < 20 h. En fait, concerne seulement 20% des travailleurs

            Assurance accidents de travail obligatoire

            Assurance vieillesse obligatoire pour entreprises > 5 salariés (8.675 % salaire brut)

            L’employeur acquitte les impôts sur le revenu

            Travail à temps partiel >20% de la population active (France : 10 à 20%)

            Donc globalement une bonne organisation, un bon niveau. Mais le pays semble coincé entre un passé extrêmement rigide et un présent où tout le monde s’agite du matin au soir sans prendre le temps pour les relations humaines.

            Tout le monde a entendu parler de ce pays où les travailleurs ne vivaient que par et pour leur entreprise, ne prenant pas les congés auxquels ils avaient droit, ressentant le chômage comme une honte insupportable, l’employé étant lié à vie à son entreprise qui prime sur sa famille…

            Vers la fin des années 90, le Japon est arrivé à un tournant de son économie avec une grave récession économique et financière dans un contexte de crise dans toute l’Asie orientale. Entre 1990 et 1997, la perte d’actif boursiers et immobiliers subie par les agents économiques japonais est estimée à 9 000 milliards de dollars soit plus de 2 ans du PNB. Ce marasme économique se double d’une perte de confiance généralisée dans l’avenir tant de la part des ménages que des investisseurs.

Le chômage a atteint un niveau historique de 4.9 % dans un pays où il était presque inconnu (2.1 % en 1992), chiffre sous-estimé en raison de tous ceux qui se retirent du marché du travail ayant perdu tout espoir, notamment les femmes. Il y a aussi la réduction des heures supplémentaires et des primes.

On note en outre un effondrement de la natalité avec une moyenne de 1.4 enfant par femme.

La société japonaise connaît une partie des problèmes qui se posent à tous les grands pays industrialisés, notamment le vieillissement de la population, la disparition de l’éthique du travail et l’aspiration aux loisirs et au bien-être chez la jeune génération. On constate l’affaiblissement des vertus traditionnelles de frugalité, d’endurance et d’effacement de soi.

Au consensus se substituerait le débat, la solidarité de groupe serait vouée à succomber devant l’individualisme et le contrat social symbolisé par l’emploi à vie serait, lui aussi, menacé. Les jeunes sont touchés en plein fouet, de multiples faits divers touchent la jeunesse : augmentation du taux de suicides, délinquance à l’école, prostitution juvénile. Chez eux la disparition de l’éthique traditionnelle du travail et l’aspiration aux loisirs sont particulièrement sensibles.

Montée de la criminalité alors que le Japon a été longtemps considéré comme un paradis en matière de sécurité. La montée de la délinquance juvénile est préoccupante avec une augmentation des crimes violents (plus 57 % de vols à main armée), prostitution juvénile (1 lycéenne sur 20 se serait prostituée), l’école est le lieu de violence quotidienne. Cette montée de violence serait due à la fragmentation de la famille, à l’urbanisation tentaculaire et à la faillite du système éducatif qu était fondé sur la croissance économique.

En réponse à la crise économique, des actions extrêmes sont entreprises : création d’une mégabanque qui a pour vocation de redresser non seulement le secteur financier mais aussi l’économie, restructuration des entreprises (réduction des capacités de production à l’étranger et au Japon, réduction du nombre des employés, modification du processus de décision en diminuant la représentation des cadres au profit des actionnaires regroupement d’activités en éliminant les activités secondaires, système de rémunération au mérite (bonus, stock options...), encouragement à la mobilité des employés avec nouveaux systèmes de recrutement (choix d’abandon de la prime de départ à la retraite en échange d’un salaire plus élevé), recours aux cabinets d’audit internationaux.

Refonte du code de commerce : plus grande protection des créanciers et des actionnaires lors d’une scission, création de holdings financières permettant d’allouer les ressources humaines et en capital avec plus de flexibilité. [Comme partout, protection du capital plutôt que des hommes]

On encourage à remédier aux 2 grands maux : surcapacité et sureffectif (essentiellement retraite anticipée). Les industriels s’inquiètent tout autant du sureffectif que de la pénurie de main d’œuvre qui s’annonce pour ce début de siècle.

Les milieux d’affaire sont conviés à prendre des risques, les particuliers aussi (appelés à placer leurs économies dans des fonds de placement plutôt qu’à la poste).

Ouverture à des capitaux étrangers.

Investissement dans l’activité des organismes internationaux et dans l’aide au tiers- monde.

Recherche d’une diplomatie plus active en Asie.

Regain d’intérêt pour l’Europe depuis l’entrée en vigueur de l’Euro.