Tutti Frutti répétaient les femmes du village
de Castiglione en allant porter secours aux soldats blessés, agonisant
sur le champ de bataille de Solferino, sans se préoccuper de la couleur
de leur uniforme où de leur nationalité. Henri Dunant avait réussi
à faire accoucher un concept peu connu : la compassion pour l’homme
quelque soit son origine et sa race. Depuis ce 24 Juin 1859, l’action
humanitaire s’est inscrite en lettres gravées aux frontons de nos
institutions, comme une exigence de notre civilisation.
Le terme humanitaire est récent. Il apparaît vers 1830 dans l’expression
«esprit humanitaire» mais c’est dans son aspect concret d’action
qu’il sera amené à connaître le succès qu’on
lui reconnaît. Dans les années 1970-80 il sert à décrire
les associations spécialistes dans l’intervention médicale
d’urgence. Actuellement, ce mot recouvre les acteurs issus d’autres
traditions mais poursuivant le même but comme des associations caritatives
où philanthropiques.
Il serait trop long ici de faire l’historique de l’humanitaire mais
les ethnologues ont montré que dans toutes les sociétés
sous des formes différentes se trouve le principe de don. Dans l’occident
il prend la forme de charité et c’est sur ce fondement que se construit
le terrain de l’action humanitaire bientôt rejoint, vivifié
et régénéré par d’autres courants de pensée.
Saint Vincent de Paul fondera son action sur un postulat militant de la pauvreté
avec notamment la création d’hôpitaux généraux.
A l’ère moderne, l’esprit des Lumières remet en causes
le lien qui existait entre charité et religion. Les philosophes introduisent
la distinction entre charité et philanthropie.
En 1790, la Révolution affirme que l’Etat doit intervenir pour
soulager les détresses. .L’assistance ne sera plus une forme de
charité mais un droit humain fondamental.
En 1830, c'est-à-dire au début de la vague de
la colonisation, une école militaire sera crée à Marseille,
école de médecine tropicale pour lutter contre les grandes endémies
tropicales. Le meilleur exemple sera celui du Dr. Schweitzer.
Mais il faudra attendre la bataille de Solferino en 1879 et un homme, Henri
Dunant, qui se dépensera sans compter avec des moyens dérisoires
pour soigner les survivants sans préjuger de leur nationalité.
Sa grande force sera plus tard d’avoir réussi à traduire
son émotion en une série d’interventions déterminantes
qui permettront de mobiliser l’opinion publique et conduire à l’élaboration
de traités internationaux à vocation universelle.
Ce sera la Convention de Genève le 22 août 1864 et la création
de la Croix Rouge. Maintenant, le cadre idéologique est en place mais
pour prendre de l’ampleur, il est nécessaire de soutenir l’évolution
des idées par une infrastructure suffisante. Celle-ci apparaît
avec la révolution industrielle. L’accélération des
informations, le raccourcissement des délais de transport, le développement
économique favorisent la mise en place d’initiatives humanitaires
de plus en plus lointaines.
L’aide humanitaire connaît alors un formidable accroissement de
ses moyens pendant la première moitié du siècle. Les deux
guerres mondiales par leur étendues et leur durée sont l’occasion
de développer et d’élargir le domaine d’activités
des organisations de secours qui se créent pour répondre à
l’urgence sur le continent européen. Après la deuxième
guerre les effets de la guerre froide entraînent un transport du champ
d’action des organisations humanitaires vers le Tiers Monde.
Au fur et à mesure, les organisations habituées à traiter
l’aide humanitaire sous forme de don et de secours prennent conscience
de la différence entre la situation vécue dans l’Europe
de l’après guerre et celle trouvée dans le Tiers Monde.
Il ne s’agit plus de permettre de passer un cap pendant une période
transitoire jusqu’à un retour de la normalité, mais de susciter
un développement de l’activité, une prise en charge de la
population par elle-même au travers de la formation, de la mise à
disposition d’outils et de moyens financiers.
L’importance des opérations humanitaires de ces dernières
années a montré à la fois l’ampleur et l’importance
qu’elles pouvaient prendre dans le cadre des relations internationales.
Action humanitaire du Grand Orient De France.
Bien que n’ayant pas à avoir une action individuelle
de type O.N.G., en revanche une action humanitaire peut être développée
dans le cadre de sa politique extérieure.
En 1997 le G.O.D.F . fera connaître aux Loges son orientation afin de
définir une politique cohérente.
Au Convent de 1999, le Conseil de l’Ordre se verra confier une mission
: la création d’une commission humanitaire.
La première réunion de la Commission précisera son rôle
et sa place par rapport à la CNSM. Ainsi, la Commission étudiera
des projets à mener à l’extérieur de notre pays,
laissant le soin à la CNSM de répondre aux difficultés
de l’intérieur.
La solidarité externe du G.O.D.F :
Il faut distinguer deux types d’actions :
Les aides d’urgence. Par nature imprévisible ces actions
d’urgence ne peuvent être menées par le G.O.D.F. seul
qui devra donc s’associer à une O.N.G. urgentiste.
L’aide humanitaire comme aide au développement durable avec
des actions dans :
Le domaine de la santé
Le domaine scolaire
Le domaine économique
avec comme règle une nécessaire solidarité établie
sur la base de relations en terme de responsabilité réciproque.
La population devant manifester la volonté de surmonter ses difficultés.
C’est ainsi que notre Loge à l’initiative de quelques Frères
viendra soutenir l’action du G.O.D.F. dès 2001. Son action se situe
au Burkina Faso notamment pour l’aide à la scolarité pour
les plus défavorisés, l’achat de matériels scolaires
et la créations d’ateliers de couture. C’est une logistique
apportée après la réalisation de bâtiments à
l’initiative du G.O.D.F.
Voilà donc retracé, en grandes lignes, l’action
d’extériorisation du Grand Orient De France, démontrant
aussi la notion d’un monde englobant sans distinction de race où
de civilisation toutes les formes de l’espèce humaine.